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Bandeau théière calli

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samedi 15 août 2015

I like Chinese


Puisque c'est les vacances -en tout cas pour les écoliers, collégiens, lycéens, étudiants et profs- j'en profite pour vous poster une chanson divertissante des Monty Python intitulée "I like Chinese". 




Amusez-vous bien.!

mardi 11 août 2015

Le Petit Livre Rouge



Nous autres en France donnons le nom de "Petit Livre Rouge" à ce que les Chinois appellent "Les citations du président Mao" (毛主席语录 - Máo Zhǔxí Yǔlù) ou encore "Les plus hautes instructions (最高指示 - zuì gāo zhǐshì).

C'est en 1964, au début de la "Révolution culturelle", que le gouvernement de la République Populaire de Chine (RPC) fait paraître le recueil de citations et c'est le ministre de la défense et chef de l'Armée Populaire de Libération (APL), le général Lin Biao, qui organise son impression et sa distribution dans tout le pays.

Le livret contient des citations d'extraits de discours attribués président Mao de 1926 à 1964. Après la Bible, c'est le livre le plus vendu au monde (près de  900 millions d'exemplaires, selon des estimations). Les 50.000 premiers exemplaires étaient destinés aux membres de l'APL. Le recueil des citations devient rapidement un symbole incontournable de la révolution marxiste chinoise. Les étudiants, qui étaient pour la plupart à la fois militaires, agriculteurs et travailleurs industriels, doivent l'étudier et en discuter en groupes sur les lieux de travail ou d'études. Il était primordial, à ce moment, de comprendre et d'assimiler parfaitement la "pensée Mao Zedong" afin d'améliorer l'entrain au travail et de se sentir une partie essentielle du grand tout de l'idéal Maoïste. Omniprésent sur les images de propagandes placardées un peu partout, le livret était mis en avant dans des présentations à la gloire populaire.




Edition de 1968

En 1965, on lui adjoint trois nouveaux chapitres. En 1966, le Parti décréta que chaque citoyen devait en posséder un en gage de loyauté et être capable de le réciter par cœur, sans quoi ledit citoyen risquait d'être battu, voire de passer des années en camp de redressement idéologique. En 1967, le "Petit livre rouge" a déjà été traduit en 36 langues et plus de 720 millions d'exemplaires ont été vendus aux quatre coins de la planète. 


En 1971, le gouvernement accusa Lin Biao d'avoir voulu assassiner le président Mao et on supprima alors du Petit livre toute l'introduction et les recommandations du maréchal de la Libération populaire.

Epigraphe de Lin Biao dans l'édition française de 1966

En 1978, Deng Xiao-ping entre au pouvoir après la fin de la Révolution culturelle (1976) et le livre "rouge" perd un peu de son aura ; on juge parfois certaines citations "déviationnistes de gauche" et on l'accuse d'abuser du culte de la personnalité en promouvant systématiquement la "pensée Mao Zedong", pourtant montrée comme l'exemple à suivre pendant plus d'une décennie. Depuis 1979, le Petit Livre Rouge n'est plus diffusé.



Le livre classe les citations de Mao en trois parties, chacune apportant son lot de considérations philosophiques et conseils idéologiques indiquant à ses lecteurs comment se comporter et comment "bien" penser. Ceux qui ne pensent pas comme il faut sont invités à se repentir. Le repentant, s'il est jugé sincère, finira par être réhabilité. Mais il devra, au préalable, passer par un apprentissage encadré dans une unité de travail spécialisée ou non, appelée parfois "unité de rééducation" et que certains comparent à une forme de bagne, ce qui peut durer plusieurs années.

Le format de l'édition originale de 1964-1965 -non datée- est légèrement plus grand que celui des éditions venant ensuite et son nombre de pages réduit (270 p); les exemplaires comportent une erreur d'impression dans la partie calligraphiée par Lin Biao (trait supplémentaire erroné sur un trait) correspondant à un message d'encouragement à se servir du livret comme d'un guide. 

Quelques citations du président Mao Zedong extraites des "Plus hautes instructions" :

  • Nous devons soutenir tout ce que notre ennemi combat et combattre tout ce qu'il soutient.
  • Produisons suffisamment de nourriture et de vêtements de nos propres mains.
  • Dans une société de classes, chaque personne occupe une position de classe déterminée et il n'existe aucune pensée qui ne porte une empreinte de classe.
  • Une seule étincelle peut allumer un feu de prairie.
  • La bombe atomique est un tigre de papier dont les réactionnaires américains se servent pour effrayer les gens. Elle a l'air terrible mais elle ne l'est pas : c'est le peuple qui décide de l'issue d'une guerre et non pas une ou deux armes nouvelles.
  • En général est vrai ce qui réussit, est faux ce qui échoue.
  • La révolution n'est pas un dîner de gala ; elle ne se fait pas comme une oeuvre littéraire, un dessin ou une broderie ; elle ne peut s'accomplir avec autant d'élégance, de tranquillité et de délicatesse ou avec autant de douceur, d'amabilité, de courtoisie, de retenue et de générosité d'âme. La révolution, c'est un soulèvement, un acte violent par lequel une classe en renverse une autre. (Phrase originale ci-dessous) :
  • 革命不是请客吃饭,不是做文章,不是绘画绣花,不能那样雅致,那样从容不迫,文质彬彬,那样温良恭儉让。革命是暴动,是一个阶级推翻一个阶级的暴烈的行动




dimanche 9 août 2015

TV : CHINE, le nouvel empire 1/3




DOCUMENTAIRE TELEVISE

Au programme les 11 août (à 20 h 55) et 18 août (à 08 h 55) 2015

ARTE - Thema - CHINE le nouvel empire - Volet 1 sur 3


Fresque en trois volets qui retrace l'histoire de la Chine. Cette première partie présente la période allant de l'avènement de la République Populaire de Chine (RPC) en 1949, jusqu'à la mort de Mao Zedong en 1976.

Depuis la révolte de Sun Yat-sen en 1911 à la mort du "Grand Timonier", la Chine se libère de l'occupation occidentale qui s'était ingérée depuis les guerres de l'opium. Errements du parti communiste chinois jusqu'à son établissement totalitaire, le document montre les relations complexes entre la Chine, les Etats-Unis et l'URSS, précurseurs des futurs bouleversements géostratégiques.

Résumé complet sur :

http://www.arte.tv/guide/fr/042274-001/chine-le-nouvel-empire-1-3



jeudi 6 août 2015

Quand la Chine s'éveillera...




"Quand la Chine s'éveillera, le monde tremblera". Cette citation que l'on attribue, malgré le manque de trace écrite, à Napoléon, est le titre d'un ouvrage incontournable sur la Chine des années 70, édité en 1973* chez Fayard.

L'auteur n'est autre que l'homme politique, anthropologue et diplomate Alain Peyrefitte, qui dirigea en 1973 une longue mission d'études en Chine, en tant que ministre de la culture, à l'invitation du gouvernement chinois de Chou-En-Laï, premier ministre de Mao Zedong. Cette visite a certainement eu lieu peu avant celle du président Pompidou à Mao qui a pris place elle aussi en 1973.

Homme cultivé et curieux, diplomate dans l'âme, Alain Peyrefitte nous dresse, d'après ce qu'il a vu et entendu, mais aussi agrémenté par des ouvrages de référence, un portrait d'une Chine nouvelle qui a fait table rase des traditions et du fonctionnement même de toutes les sociétés telles que nous les connaissions. Pour ne pas risquer de retomber dans les affres d'un "révisionnisme" jugé insupportable et nuisible au peuple car n'épousant pas les préceptes de base du Petit Livre Rouge, les gouvernants du pays ont mis en place une machine où tous les rouages ont été démontés pour être remontés selon un ordre unique, celui de la ligne Mao Zedong. Un travail de mille titans, mené à la baguette de l'idéologie.

Tous les aspects de la société sont passés au crible du regard pertinent du ministre français : éducation, industrie, agriculture, armée, culture. A l'écoute de chacun de ses interlocuteurs, ouvert mais toujours critique, Peyrefitte a su nous faire comprendre les enjeux politiques et économiques -mais aussi idéologiques- qui ont amené l'ancien Empire du Milieu a jeter aux oubliettes toutes traces d'un passé jugé anti-prolétaire, c'est-à-dire pour la nouvelle Chine anti-Chinois.

Impossible de résumer un ouvrage aussi dense. Je ne puis que conseiller sa lecture à un plus grand nombre de ceux d'entre vous qui s'intéressent à l'avènement du socialisme à la chinoise.


* La mention de l'édition indique 1973 et pourtant j'ai pu noter, page 428, une note de bas de page où il est fait état d'événement postérieur : "Mais cette évolution ne se fera pas sans à-coup ; après une libération culturelle en 1972-73, la musique étrangère a été de nouveau violemment critiquée en 1974-75".

__________

Pour le contexte historique :

Ci-dessous, vidéo de la conférence de Presse du président Pompidou en Chine, en 1973, lors de sa visite officielle dans le but de préparer la France et la Chine à une plus grande indépendance face aux deux super puissances qu'étaient les USA et l'Union Soviétique. Document INA.





samedi 1 août 2015

Programmes scolaires dénoncés à Taïwan


Dans l'édition d'hier (31/7/15) de rfi.fr Asie Pacifique, nous apprenons que des centaines de lycéens ont occupé ce même jour le ministère de l'Education à Taipeh. Les lycéens souhaitaient rencontrer le ministre afin de faire entendre leur opposition face aux modifications des manuels scolaires, notamment concernant le programme d'histoire, qu'ils ressentent comme une relecture pro-chinoise de l'histoire de l'île.

Les lycéens voulaient également saluer la mémoire de Lin Kuan-hua, qui s'est suicidé la veille après avoir été arrêté, la semaine dernière, suite à une manifestation et à son expression de déception par rapport à l'opposition de ses parents et de ses enseignants à sa participation au mouvement de contestation.

Le ministre n'a pas donné de réponse pour l'instant, reconnaissant toutefois que cette polémique qui concerne l'histoire et l'identité nationale durait depuis un certains temps.

Le nouveau manuel incriminé indique, entre autres, que Taïwan a été "récupérée" par la Chine. Cette formule, qui remplace la précédente : "Taïwan a été donnée à la Chine à la fin de l'occupation japonaise en 1945", ne plait pas aux étudiants car c'est pour eux une façon de se soumettre à la politique d'une seule Chine qui englobe Taïwan.

Lien sur l'article :


Résumé de l'histoire de Taïwan :


  • Des aborigènes étaient installés sur l'île où l'on a décelé des traces humaines datant de 10.000 ans avant notre ère.
  • Lors de l'avènement des Trois Royaumes (IIIe siècle), on voit des premières tentatives d'établissement des chinois dans l'île. A ce moment, deux communautés aborigènes distinctes occupaient l'île. Les premiers immigrants faisaient partie de la tribu des Hakkas, qui étaient persécutés en Chine.
  • Sous la dynastie des Ming (1358-1644) d'autres immigrants arrivèrent de la province du Fujian, adoptant alors le nom de Ben-di-ren, qui signifie "homme de cette terre" et considérant les Hakkas et les aborigènes comme des étrangers.
  • Au cours des XVe et XVIe siècle, Taïwan devint le refuge de pirates en maraude et de commerçants venus de Chine et du Japon. Les japonais furent les premiers à tenter d'annexer Taïwan, en 1593, après l'échec de la conquête de la Chine (via la Corée).
  • Les Européens essayèrent également de s'emparer de l'île, au XVIIe siècle, les Hollandais notamment, qui firent venir des missionnaires pour évangéliser les habitants. Ils implantèrent un comptoir, la fameuse Compagnie hollandaise des Indes orientales, qui obtint le droit d'importer de l'opium de Java. Il est à noter que deux siècles plus tard, l'opium devait jouer un rôle de taille dans la chute de la dynastie des Qing et devenir le catalyseur de la guerre entre la Chine et la Grande-Bretagne.
  • A cette époque, les espagnols avait établi deux garnisons dans le pays, mais ils furent chassés en 1642 par les Hollandais.
  • En 1644, les Mandchous furent appelés à l'aide par un général chinois pour mater une révolte. A Pékin, le dernier empereur Ming nomma Cheng Chi-lung, pirate basé à Peikang, au sud-ouest de Taïwan, à la tête des maigres forces nationales. Mais le pirate, qui avait épousé une Japonaise, se pendit au moment où les Mandchous arrivèrent à Pékin. Son fils, Cheng Cheng-kung, se fit appeler Kuo Hsing-yeh, "le seigneur au nom impérial", que l'on traduit en occident par Koxinga.


  • Koxinga fut confronté aux Hollandais. En 1661, il fit assiéger pendant deux ans les côtes où s'étaient réfugiés les Hollandais, qui finirent par quitter l'île avec leurs biens. Puis les Espagnols et les Japonais se retirèrent aussi.
  • Koxinga était passionné de culture chinoise et restaura de nombreuses lois, institutions et traditions chinoises.
  • Son fils et son petit-fils régnèrent jusqu'en 1648, date à laquelle les Mandchous imposèrent leur souveraineté sur l'île. C'est à cette date que Taïwan devint officiellement partie intégrante de l'empire chinois.
  • Au XIXe siècle, l'île fut à nouveau convoitée par les occidentaux. Lorsque la première guerre de l'opium éclaté, des naufragés britanniques s'échouèrent sur les côtes de l'île mais furent battus, emprisonnés, voire décapités par les autorités chinoises et les relations entre les deux empires furent exacerbées.
  • Des américains s'intéressaient également de près à Taïwan.
  • La guerre de l'opium prit fin en 1860 et ouvrit l'île au commerce avec l'étranger, mais peu à peu les rapports se tendirent entre marchands étrangers et résidents chinois pour différentes affaires. 
  • En 1872 un bateau japonais sombra au large des côtes et le sort des naufragés fut funeste car 57 furent assassinés par des aborigènes. Les Japonais considérèrent une entrée en guerre. Une expédition militaire de grande envergure accosta au sud de l'île en 1874. Après des incursions punitives, le gouvernement chinois décida d'indemniser le Japon pour les familles des marins massacrés.
  • En 1886, la Chine éleva Taïwan au rang de province chinoise. Pendant ce temps, des militaires japonais réclamèrent l'annexion de l'île et une guerre finit par éclater entre la Chine et le Japon en 1895. Ce fut une défaite pour la Chine, affaiblie par des détournements d'argent de l'impératrice Tseu-hi (Cixi) qui n'avait plus de marine à même de faire face au Japon.
  • Le 23 mai 1895, des notables taïwanais créèrent la République de Taïwan afin de résister à l'occupation japonaise grâce à l'aide de l'étranger. Bien qu'indépendante, la République reconnaît la suzeraineté chinoise. Mais la République n'aura duré que 5 mois.
  • Le Japon dicta les conditions du traité de Shimonoseki, qui exigeait la cession des îles Ryukyu et de Taïwan. Le pays fut donc sous la tutelle de Tokyo, et ce durant un siècle, durant lequel le Japon tenta de contraindre Taïwan à se couper de ses racines chinoises.
  • Ce n'est qu'à l'issue de la Seconde Guerre mondiale, après la reddition japonaise, que Taïwan redevint chinoise, le 25 octobre 1945, connu sous le nom de "jour de la Rétrocession". 
  • Pendant ce temps, la guerre civile avait éclaté sur le continent. Le parti communiste et le parti nationaliste (Kuomingtang ou KMT) mené par Tchang Kaï-chek, se faisaient front. Tchang Kaï-chek avait été réélu prédisent de la République de Chine en 1948 mais la guerre avait tourné en faveur des communistes et les troupes du KMT se replièrent sur Taïwan. 
  • En 1949, le gouvernement de la république s'installa à Taïpei. Tchang Kaï-chek est élu président de la République et instaure alors la loi martiale, réprimant toute opposition. Il fut élu président de la République six fois de suite, jusqu'en 1966. 
  • En 1950, la flotte américaine aide Taïwan à se protéger de l'invasion de l'Armée populaire de Libréation. L'île s'ouvre ensuite à un capitalisme autoritaire et le secteur privé s'étend considérablement, au détriment des monopoles d'Etat.
  • En 1965, l'île perdit l'aide financière des Etats-Unis.
  • Le 25 octobre 1971, après le refus de Tchang Kaï-chek d'accepter la Chine populaire, les membres de l'ONU votent l'entrée de la République Populaire de Chine (RPC) à l'ONU. La résolution 2758 expulse les représentants de Tchang Kaï-chek de l'ONU et ne mentionne plus le nom de République de Chine, laissant la RPC seule représentante de la Chine dans l'organisation.
  • A présent, il semble que le gouvernement nationaliste considère officiellement Taïwan comme "une province insulaire de la République de Chine", sans que je n'aie pu comprendre comment cette situation avait pu être mise en place. Pour autant, Taïwan et le continent ne sont pas d'accord sur le fait qu'"il n'y a qu'une seule Chine", ce qui apparemment contredit le premier postulat. 
  • Le président actuel, depuis 1988, est M. Lee Teng-hui, diplômé d'économie agricole à l'université de Taïwan et d'économie aux Etats-Unis, après avoir suivi un cursus à l'université impériale de Tokyo.

Sources : 

Le grand guide de Taïwan - Bibliothèque du voyageur, Ed. Gallimard, 1995
Histoire de Taïwan - wikipedia.org